Extrait
Fondateur des éditions Vertige Graphic puis Rackham et ami d’Alberto Breccia (15 avril 1919 – 10 novembre 1993), Latino Imparato a beaucoup œuvré pour sa traduction en France, portant un regard complet sur sa carrière, sa réception et son influence. À l’occasion de cet entretien, nous revenons sur l’aspect politique de son œuvre et de celle d’autres auteurs argentins, mais aussi sur certains malentendus liés à cette volonté de politiser les productions argentines, parfois pour des raisons plus liées au marketing qu’au fond.
L’Éternaute 1969, première version, d’Alberto Breccia et Héctor Oesterheld, réédition de 2010 chez Rackham
Latino Imprato : Ce qu’il faut toujours bien garder en tête c’est que chez Breccia forme et fond sont un tout, on ne peut pas les dissocier. Son audace n’est pas que graphique, elle frappe aussi dans ce qu’il remue de l’Argentine. Mais soyons honnêtes, si l’on veut faire de la politique c’est dans la rue, on manifeste, on tient des barricades, on ne fait pas de la bande dessinée. Ce qu’on peut faire en tant qu’auteur ou éditeur c’est tenir des positions, donner des idées, qui peuvent se transformer en actes politiques. C’est très important d’avoir le distinguo en tête.
Un auteur va donner une vision du monde, Breccia disait toujours, il l’a répété et répété, « Je ne vis pas dans une bulle », tout ce qui se passe autour de lui se retrouve dans ses travaux. Dans la deuxième édition de Buscavidas, on trouve à la fin un recueil de tous les croquis liés à l’œuvre [Fig. 6]. Sur ces croquis il y a des annotations au crayon, qui commentent ce qui se passe dans sa vie et vont de la santé de ses fils à sa condition économique, en passant par la guerre des Malouines, qui se déroule alors qu’il dessine un épisode.
La suite de l’interview : https://web.archive.org/web/20220717071438id_/https://journals.openedition.org/caravelle/10859